Ca’ del Duca 3052, Corte del Duca Sforza
San Marco, 30124, Venezia, Italy
Tue – Sat 10am – 6pm
Sound of freedom
Intitulé « Ghana Freedom », le pavillon Ghanéen fait écho à l’histoire et à la politique en rappelant qu’il est le premier pays subsaharien à avoir gagné son indépendance face au Royaume-Uni en 1957. Avec la présence de 6 artistes intergénérationnels et d’une parité exemplaire, 3 femmes (Felicia Abban, Selasi Awusi Sosu, Lynette Yadom-Boakye) et 3 hommes (John Akomfrah, El Anatsui, Ibrahim Mahama) artistes du continent et de sa diaspora, l’exposition propose un récit protéiforme de vidéos, photographies, sculptures et installations aménagés par l’architecte anglo-ghanéen David Adjaye. Ce parcours s’interroge sur le l du temps et sur cette liberté gagnée.
Le spleen de Joël Andrianomearisoa
On ne sort pas comme on est entré de ce pavillon de Madagascar. De ces papiers suspendus, déchirés, il pèse dans ce pavillon une ambiance bien particulière, revêtu d’une robe noire qui dessine les stigmates de la mélancolie, telle une vague, le noir-lumière illumine le souvenir d’une époque passée encore enracinée dans le présent, d’une demeure royale fait de bois brûlés à destination du roi Radama II, le palais d’Ilafy à Antananarivo construit par Jean Laborde. Curatés par Rina Ralay Ranaivo et Emmanuel Daydé « I have forgotten the night » de Joël Andrianomearisoa offre pour cette première participation une mise en lumière éclatante.
De l’autre coté du miroir
Réduire la Biennale aux pavillons internationaux serait lui faire affront. L’effervescence ne venait pas uniquement des expositions sélectionnées, il faut noter et remarquer la présence et les initiatives de nombreux acteurs privés engagés du continent africain et de sa diaspora. En marge des évènements of ciels s’est tenue une programmation off si riche qu’il fallait souvent se dédoubler pour être présent partout. Un jeu de piste dans la labyrinthique Venise, un marathon quotidien, pour ne pas être en retard an d’assister aux débats, discussions, speed dating, tables rondes, performances et projections vidéos...
L’African Art in Venice Forum d’abord (AAVF) pour sa seconde édition a proposé des panels invitant artistes, curateurs, directeurs de fondations, écrivains et directeurs artistiques. L’occasion notamment de revenir autour de discussions passionnantes avec les fondateurs de la création de la Revue Noire (1991-2001). Et de mieux comprendre les énergies mises en route, les rencontres et synergies, d’une passion commune et d’un challenge : proposer une mise en avant de l’Art contemporain d’Afrique alors quasi inexistant. La plateforme arts & globalization a, quant à elle, posé un débat sur la façon d’articuler la résistance dans l’Art. Il a été évoqué l’absence d’investissement de nombreux Etats africains dans l’art, la résistance des institutions et dans le cas de la France, sur les projets artistiques liés à l’Afrique. Mais, la lutte s’organise. Des actions sont menées sur de nombreux fronts, notamment celui des artistes: ouvertures de lieux indépendants, résidences ainsi que des initiatives de commissaires telles que l’African Art Book Fair (salon du livre d’art des Afriques dirigé par Pascale Obolo, directrice de la revue d’art Afrikadaa).
En le camerounais Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, prochain commissaire de la biennale de Bamako, est intervenu comme commissaire artistique sous la curation de Elena Aguido & Ana Gomez-Carillo.
Ils ont tenu le projet ambitieux de recherche et performance Ultra Sanity « S/He spoke – I and I ». Ce laboratoire à idées s’interroge sur la notion de folie, de maladie mentale avec une volonté de repenser, de questionner ces paradigmes basés sur des fondements de dominations coloniales, racialisation et oppression patriarcales. Et sur la base de ce postulat, d’imaginer un entre-deux lieux appelé « ultra sanity » qui dépasse la folie en tant qu’opposé de la santé mentale. Les pays africains doivent continuer à prendre une place de plus en plus grandissante dans cette prestigieuse biennale en proposant des projets audacieux. Cela ne pourra toutefois se concrétiser qu’avec une volonté politique des Etats participants, et de leur part, une liberté et une con ance accordées aux artistes, commissaires et curateurs. Par ailleurs, le continent africain doit devenir son propre centre en multipliant des initiatives pérennes sur son territoire.
Rendez-vous donc en octobre pour, la seconde biennale de Lagos, en novembre la 12e édition des rencontres de Bamako. En 2020, il faudra suivre la 14e édition de la biennale de Dakar puis en septembre la 5e biennale internationale de Casablanca. Une programmation riche en promesses et dés.