Ca’ del Duca 3052, Corte del Duca Sforza
San Marco, 30124, Venezia, Italy
Tue – Sat 10am – 6pm
La recherche de l’interlocuteur. Le peintre est toujours dans cette volonté d’établir des dialogues. La toile devient une table autour de laquelle il est possible de s’asseoir et d’engager la conversation. C’est de cette manière que Charles Nwaneri Kelechi voit les choses. Et la principale interrogation qu’il se pose tient à l’appartenance.
La peinture peut le traduire, et dans cette peinture, la représentation du corps, qui est en fait… la première toile. De la même façon que le peintre sud-africain Sifiso Mkhabela le suggère, la peau est la toile, sur laquelle une partie de l’histoire se lit.
Charles Nwaneri Kelechi est nigérian. Ces derniers temps, l’équipe de Lidija Kostic Khachatourian (AKKA Project) l’a invité à Venise, présenter son travail. Une partie centrale de celui-ci porte sur l’identité hybride noire. En somme, sur ce corps et cette toile qui sont les siens, que lit-on de l’histoire complexe, de ces intersections de mémoire, de l’équilibre à trouver ?« 𝘗𝘰𝘶𝘳 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦, 𝘭𝘢 𝘴𝘦́𝘳𝘪𝘦 𝘥’œ𝘶𝘷𝘳𝘦𝘴 𝘳𝘢𝘤𝘰𝘯𝘵𝘦 𝘭𝘦 𝘷𝘰𝘺𝘢𝘨𝘦 𝘥𝘦 𝘭’𝘪𝘯𝘥𝘪𝘷𝘪𝘥𝘶 𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘭𝘢 𝘥𝘦́𝘤𝘰𝘶𝘷𝘦𝘳𝘵𝘦 𝘥𝘦 𝘴𝘰𝘪. 𝘌𝘯 𝘦𝘹𝘱𝘭𝘰𝘳𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘪𝘥𝘦́𝘦𝘴, 𝘥𝘦𝘴 𝘪𝘮𝘢𝘨𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘵𝘦𝘤𝘩𝘯𝘪𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘴𝘶𝘳𝘳𝘦́𝘢𝘭𝘪𝘴𝘵𝘦𝘴 𝘱𝘶𝘳𝘦𝘴, 𝘫𝘦 𝘮’𝘪𝘯𝘵𝘦𝘳𝘳𝘰𝘨𝘦 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦 𝘮𝘰𝘺𝘦𝘯 𝘥’𝘺 𝘱𝘢𝘳𝘷𝘦𝘯𝘪𝘳. » Le traitement est parfaitement onirique, sans doute réalisé de manière automatique, sur des flashs suggestifs, mais il traduit surtout en profondeur de réelles questions identitaires.

Télescopage, embouteillage lumineux des appartenances qui laissent l’humain aux portes de la folie ou de la dissolution.
Tout comme Sifiso Mkhabela, dans sa recouvrance de la tribu d’origine, Charles Nwaneri revient de façon répétée à la scarification. Elle prend sur sa toile l’aspect de traits symboliques, selon les codes anciens (Adinkra, Uli, Nsibidi). Cette écriture recouvre les visages. L’un des tableaux les plus impressionnants figure ainsi une Pietà où la Vierge noire, dépositaire du cérémonial, tient dans ses bras un Christ, figuration noir et blanc, d’un jeune type assoupi (très semblable à ce que doit être l’auteur du tableau). Ce n’est plus tout à fait du surréalisme. C’est du télescopage, un embouteillage lumineux des appartenances qui laissent l’humain (parfois) aux portes de la folie ou de la dissolution.
Hybrides, nous le sommes tous. Dans ce jeu assez terrifiant qui nous prête un rôle temporaire, nous restons des illusions orphelines. L’écriture qui court sur les peaux et sur les toiles en rend partiellement compte. Il faut faire avec.